• Une maladie

    au traitement hautement compulsif

  • Un homme de 29 ans était admis aux urgences pour des nausées et vomissements associés à des douleurs abdominales. Il s’agissait pour ce patient d’un motif de consultation récurrent aux urgences avec plus de 35 passages sur les 7 dernières années. Les antécédents connus étaient un syndrome de Gilbert, des troubles anxieux étiquetés « spasmophilie », une consommation de tabac (4 paquets- année) et occasionnellement de cannabis. Il n’avait pas de prise médicamenteuse au long cours, ni d’antécédent familial notable. Il était sans profession. Le patient présentait lors de chaque crise des vomissements à raison de plus de 10 épisodes par jour avec intolérance alimentaire totale. S’y associaient des douleurs de siège épigastrique ou péri-ombilicales à type de torsion, sans irradiation, non rythmées par les repas. Les symptômes duraient de 24 à 72 heures, partiellement soulagés par les traitements symptomatiques antiémétiques, antispasmodiques et antalgiques avec parfois recours aux opioïdes. La fréquence et la gravité des crises augmentaient avec le temps et le patient était de nouveau hospitalisé.

    A l’examen clinique le poids était à 43 kg (IMC : 14,4 kg/m2), soit une perte de 7 kg par rapport au poids habituel, avec pression artérielle à 96/59 mmHg, fréquence cardiaque à 120 battements/min, température 36,6°C. A son arrivée dans le service, le patient était couché sur le brancard en chien de fusil. L’abdomen était souple, dépressible, sans défense ou contracture, sans masse palpable, sans cicatrice, avec des orifices herniaires libres. Les urines étaient foncées. Le toucher rectal était normal de même que le reste de l’examen. Au bilan biologique, on notait une hypokaliémie à 3 mmol/L, une natrémie à 149 mmol/L. La créatininémie était élevée à 520 μmol/L avec baisse des bicarbonates à 13 mmol/L, taux normaux des lactates et corps cétoniques. Les enzymes musculaires CK étaient à un taux élevé : 1 400 UI (N<200 UI/l). La suite du bilan de « débrouillage » était normale : hémogramme, bilan phosphocalcique, bilan hépatique et lipase, dosage de la CRP, électrophorèse des protides sériques, TSH et cortisol ne présentaient pas d’anomalie. Lors de cette hospitalisation, il était décide de récupérer l’intégralité du dossier médical du patient, dans les différents centres et services où avaient eu lieu les hospitalisations itératives, afin de faire une synthèse des explorations précédemment réalisées. Parmi les examens déjà pratiqués sur les 7 années écoulées on retrouvait : plusieurs échographies abdominales normales, deux TDM thoraco-abdomino-pelviens injectés sans anomalie, deux fibroscopie oeso-gastro-duodénales montrant de discrètes lésions d’antrite et bulbite micro-ulcérées avec analyse anatomopathologique aspécifique. La coloscopie, réalisée un an auparavant, ne montrait pas d’anomalie. Une IRM cérébrale et un électroencéphalogramme avaient été pratiqués, ne révélant pas d’anomalie.

    Les biologies antérieures per-critiques montraient en général une kaliémie et créatininémie dans les normes. Plusieurs bilans biologiques poussés avaient été réalisés devant la répétition du tableau clinique invalidant, mais s’étaient révélés normaux.

    Il était décidé de reprendre l’interrogatoire et l’examen clinique de façon minutieuse. Malheureusement le patient n’était jamais dans son lit... ce qui permettait de poser le diagnostic clinique.

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